La source ; Jungfrukällan (Ingmar Bergman, Suède, 1960)

Au XVIe siècle, en Suède. Karin, la fille de Töre, un riche paysan, va porter des cierges à l’église en compagnie de sa sœur adoptive Ingeri…

20/20 – Attaquer Bergman – et les Givrés – à la source

Attaquer un Bergman. Je n’en avais jamais vu auparavant. J’essayai, pourtant, il y a quelques années de cela. Mais, franchement, une partie d’échec en noir et blanc… Déjà qu’en couleur… Peu importe, le Bergman est sacré, c’est ainsi. Et à la vue de cette très jolie Source, sorte de Manon avant l’heure, il a de très bonnes raisons de l’être. Je ne peux pas comparer ce film aux autres, je vous le répète : je ne les ai pas vu. Mais… puisque je vous dis que je ne les ai pas vus ! Lisez-moi, que diable ! A quoi cela me sert-il de scribouiller sur mon blog si personne ne le lit sous le prétexte fallacieux que tout le monde est en train de scribouiller sur le sien en même temps ! Pardonnez-moi, je m’énerve. Bêtement. Parce que, tout fier d’avoir su palper du Akira Kurosawa en découvrant cette Source à l’origine de tant de choses, je m’aperçois en farfouillant sur la toile que Bergman lui-même avoua s’être inspiré de son chef d’œuvre, Rashomon. La vision crue et pathétique de la violence, de la condition humaine, ainsi que ces horribles violeurs qui font finalement autant pitié que les tristes lurons de La forteresse cachée – qui auraient parait-il aussi inspiré Georges Lucas pour C3PO et R2D2 mais chut – sont autant de marques de fabrique indiscutables du réalisateur de Yojimbo, en effet. Mais quel recyclage ! Quelle belle capacité d’absorption ! Quel film ! Tout a été dit sur La source, en long (de là à là) en large (le pont) et en travers (singer Torix, c’est nul). Que rajouter ? Un florilège de phrases clefs issues du net et commentées par mes soins ?

Premier « rape & revenge movie » de l’histoire du cinéma et premier Oscar du meilleur film étranger reçu par Bergman, La source fut remakée en 1972 par Wes Craven avec sa Dernière maison sur la gauche. Et il ne fallut pas oublier de tirer la chasse d’eau en sortant parce qu’avec cette version 70’s on bascula dans le craspec pur et dur. D’après le réalisateur John Waters (Cry Baby), « Jungfrukällan » fut aussi le premier film de l’histoire du cinéma à montrer quelqu’un en train de vomir. Un gamin, de trois quart dos et demi mais admettons. La source flotte sur l’après Septième sceau, avec un Max Von Sydow tout autant impérial, mais fut mal reçue par une critique qui ne devait pas boire de cette eau là. De l’avis de certains, la thématique y était opaque. Elle est pourtant bien claire, cette eau, longtemps considérée par Bergman lui-même comme l’une de ses œuvres préférées. Fait rare dans sa filmographie : le scénario n’est pas de lui. Écrit par la scénariste Ulla Isaksson, il est tiré d’un conte médiéval suédois du XIVème siècle, « Töre’s daughters in Vänge », qui prend d’ailleurs sa « source » dans les mêmes origines que celles du  Petit chaperon rouge. A ce conte se mélangent christianisme et paganisme du haut de l’athéisme revendiqué d’un Bergman pourtant fils de pasteur luthérien. Les chats ne font pas des chiens, d’où ce trouble perçu par certains lors de la découverte de l’objet.

La beauté cassée. Après le viol, avant le meurtre…

Et si, justement, c’était de ce trouble, ce conflit interne, dont souhaitait parler le monsieur ? En second degré de lecture derrière cette fable traitée en deux temps, avec d’abord  un lent crescendo qui amène au viol, au meurtre, puis un autre qui conduit à la vengeance du père. Les caractéristiques basiques du « rape & revenge movie » sont en cela respectées même si par la suite il devint plus commun d’assister – et d’assimiler ce sous-genre – à la vengeance de la victime, la femme, comme par exemple dans le Thriller de Vibenius, une pure péloche d’exploitation 70’s évoquée en ces pages. Tuée juste après le viol, il est admettons-le difficile à Karin d’appliquer la loi du talion. Elle est partie, passée à autre chose. A la voir, morte, par terre, on la devine même paisible, libérée de la tourmente. Vengeance il y aura néanmoins, car sur terre l’homme bouillonne et le conflit perdure. Les deux passages violents du film trouvent comme origine possible pour ceux qui cherchent une appréciation manichéenne et limpide  – et la limpidité est l’image même que l’on se fait d’une source, comme la naissance en l’absence de passé symbolise l’innocence – dans la paganisme. Au début du film, enceinte jusqu’aux yeux des suites, on l’imagine, d’un viol, la sœur brune Ingeri, sorte de décalque de la finlandaise Pirita, l’odieuse païenne du Renne Blanc dont j’ai parlé il y a peu, invoque Odin pour que sa sœur, naïve, fraîche et encore pure, subisse le même sort. Mauvais, le sort, cela va sans dire. Et c’est encore une fois en invoquant le paganisme plus que la chrétienté que le père accomplit sa sanglante vengeance. Parce qu’Odin est ici montré comme en partie coupable, et de la mort de la jeune fille et de celle du jeune garçon à la fin, cela explique t’il pourquoi le pater perd… le nord ? Le rejet du passé, des fautes, de ce sentiment de culpabilité en passe par la négation d’une religion au profit d’une autre. C’est comme si l’on nous disait : « Du passé faisons table rase, rendons coupable un Dieu, une croyance, de nos péchés, et renaissons, innocents, avec cette source nouvelle sur laquelle nous bâtirons une église ». Ça n’est pas la négation de Dieu, c’est celle d’un Dieu. « Un clou chasse l’autre » dirait même un provocateur (@ Patrick Font), ce que n’est pas Bergman. Son film est d’abord un divertissement, un conte, sur lequel il accroche ses turpitudes, ses réflexions. Le dernier plan fait figure de peinture religieuse où, en découvrant la source, nos riches paysans semblent comme accompagnés par Jésus lui-même (cf. photo ci-dessous). Je ne sais pas s’il y eut là juste la conclusion d’une sorte de démonstration ou un léger trait d’humour. Que j’ai peut-être – sans doute – été chercher moi-même.

La « scène » finale.

Car d’aucuns ont vu dans La source un hymne au christianisme, ce qui explique d’ailleurs peut-être cet engouement aux Oscars américains où là-bas il me semble qu’on a toujours apprécié ce type d’œuvre allant dans le sens d’une sacro-sainte culture WASP (White Anglo-Saxon Protestant). Cela a peut-être d’ailleurs aussi servi à notre The Artist pas tout à fait national, qui en rendant hommage aux films d’antan vante aux yeux de certains un passé qu’ils regrettent de voir révolu. L’athéisme de Bergman est né du luthéranisme de son père. Mais à ses yeux cet athéisme naquit d’une réflexion davantage que d’un sentiment. La différence est de taille. On ne s’affranchit pas de ce qui nous construit à l’aide d’une pensée, aussi réfléchie soit-elle. Le chemin est long, la chose ancrée dans l’enfance, elle va y rester, sinon jusqu’à la fin, du moins longtemps, très longtemps.

Mais c’est aller un peu loin quant à une Source scénarisée par une femme, Ulla Isaksson, dont les « romans traitent de l’oppression féminine dans la société ancienne et moderne » et qui « s’efforce de mettre à mal les conventions chrétiennes des rapports entre les sexes » (Larousse.fr). C’est encore elle qui parle le mieux du film. Si elle confirme que « le besoin d’expiation et la certitude de la miséricorde divine forment le message essentiel de la ballade », elle concède bien volontiers, plus terre à terre, que comme « il sembla pourtant impossible de rendre de façon pleinement réaliste les normes et la façon de penser d’une époque aussi lointaine et de les faire admettre par nos contemporains », alors « il devint donc essentiel de trouver un dénominateur commun aussi grand que possible et, autour de ce dernier, de construire le film de façon, tout à la fois, à conserver la légende et à la rendre acceptable. Pour réaliser cette intention on suivit, dans l’ensemble, une ligne de tension qui, bien qu’elle n’apparaisse pas dans la ballade, est justifiée par sa situation dans le temps : la tension existant à cette époque entre le paganisme et la religion chrétienne. » (Universcine.com). C’est approche n’est, d’abord, qu’une mise en situation contextuelle, et cet aspect religieux n’est pas ici un acte de foi, c’est une simple astuce scénaristique liée au fort intérêt de Bergman quant aux phénomènes religieux, comme le souligne d’ailleurs Woody Allen en évoquant plus généralement ses œuvres. « Ça n’était pas une question d’athéisme ou pas. Il [Bergman] était obsédé par la possibilité de phénomènes religieux. Ce désir l’a torturé toute sa vie » (Time.com)

Max Von Sydow, juste avant le bain de sang. Il y a du Conan dans l’air…

En revenant à nos moutons, c’est à dire en regardant le film tout en broutant notre précieuse herbe, sans chercher midi à quatorze heure on reste ébahi par cette ambiance marquée par la paysannerie. Si les musiques sont rares mais bienvenues, avec quelques belles chansons qui font mouche, une importance toute particulière semble avoir été apportée aux sons. Le chant des oiseaux accompagne l’innocence avant la souillure. Un bol en bois posé sur une table, un arbre plié, les feuilles qui se fouettent les unes aux autres, un couteau planté dans une table, encore en bois, un corps couché sur du foin, des pas sur l’herbe, une branche repoussée… L’on voit aussi souvent les mains de Max Von Sydow, un acteur qui arborait déjà ce physique érodé, cette peau à la fois tendue et ridée comme une vieille pierre fatiguée ou une écorce abîmée. Mais toujours là, résistante, solide. Le rapport de l’homme à la terre revêt une importance capitale. Cela coule-t-il de source ? Elle est la même pour les deux croyances abordées : mère nature, l’environnement, avec un respect du travail de la terre comme même origine. Une étable, du foin, un bol – le Graal – d’un côté, de l’autre des racines, un crapaud, des arbres… et à deux pêcheurs, Ingeri et Töre, lorsqu’un doute ou une colère les assaille, de regarder le ciel, peu importe son nom, et de l’implorer. Notez que de mes pragmatiques moutons je suis déjà reparti dans les nuages en quelques phrases à peine. Broutons en serrant bien les dents sur une motte d’herbe ! Restons accrochés au plancher de nos rassurants moutons.

Les deux scènes de violence, de nos jours assez prudes, restent encore puissantes parce que les enjeux, amplifiés par une dilatation du temps, de l’attente, nous explosent à la figurent lorsqu’elles se concrétisent. Le viol n’intervient qu’une fois présentée la douce Karin. Une sainte. L’impact de l’horreur est décuplé. Idem pour la vengeance. On l’attend tellement qu’on en vient à souhaiter qu’elle se termine vite, tout en priant pour qu’il n’arrive rien de mal à Töre. Les personnages sont sacrément bien présentés, avec une mère d’abord froide et terne en public qui soudain devient des plus vivantes une fois seule avec sa fille, sa raison d’être, dans sa chambre. C’est plutôt subtil. Bergman vient du théâtre, cet aspect des choses explique sans doute cela. De même, lorsque Töre apprend dans des circonstances aussi dramatiques que grotesques que sa fille est bien morte, nous n’avons pas droit à ces usuelles paupières qui se ferment sous la douleur lors du gros plan de rigueur sur le visage blessé. Son regard ne scille pas. L’effet est étonnant, encore maintenant. Ce film porte vraiment bien son nom. Il fait office de vieux menhir couvert de mousse, à moitié caché, orienté vers plusieurs directions à la fois. Il annonce les autres œuvres du bonhomme ainsi que la naissance – ou dégénérescence ? – d’un genre honteux, le rape & revenge movie (gardons l’appellation anglaise), avec comme protubérance un bout de menhir montrant de son doigt caillouteux un passé non renié. Un très beau film, vraiment, très intelligent aussi, blindé d’excroissances et ramifications qui le nourrissent d’une richesse belle et profonde. Un chef d’œuvre brut qui donne envie de découvrir les autres travaux du Monsieur. Allons-y pour une partie d’échecs ?…

Le renne blanc ; Valkoinen peura (Erik Blomberg, Finlande, 1952)

Pirita, une jeune femme douée, à son insu, de pouvoirs magiques, épouse Aslak, un lapon gardien de rennes. Souvent délaissée par son mari, elle va voir un sorcier qui lui ordonne un sacrifice au dieu de pierre, afin de jouir pleinement de son pouvoir de femme. Une nuit, Pirita immole un petit renne blanc que lui avait offert Aslak. Aussitôt, s’éveillent en elle les puissances endormies. Ensorcelée, elle se mue la nuit en renne blanc, attirant un a un les chasseurs, qu’elle égorge dans une étreinte de vampire.

 » Tourné dans les décors somptueux du cercle polaire, Le renne blanc est une pure merveille du cinéma fantastique finlandais. S’appuyant sur une vieille saga laponne, le film offre un mélange de magie, chamanisme, et sorcellerie, dans un magnifique noir et blanc. Jean Cocteau lui-même ne s’était pas trompé, en décernant au Renne blanc le prix du film légendaire au Festival de Cannes en 1953  » (artusfilms.com).

17/20 – La reine des neiges

… s’appelle Mirjami Kuosmanen, dans les années 50 femme du réalisateur Erik Blomberg et en l’occurrence héroïne tragique de cette très jolie fable finlandaise qu’il conta lui-même. Il venait du documentaire et cela se voit puisque les tranches de vie nordiques semblent comme prises sur le vif, favorisant ainsi l’intrusion d’un élément fantastique crédible. Malgré une musique un peu trop envahissante, reliquat de la période du muet ou précocité d’une Hans Zimmerisation excessive du cinéma hollywoodien actuel, la poésie chamanique de cette histoire reste intacte. L’ambiance restitue bien la folie suicidaire qui anime Pirita avec une histoire qui fait se mélanger mythe de Faust classique et malédiction du loup-garou. Ici une renne-garou donc, avec en lieu et place des maquillages de Rob Bottin (Hurlements) quelques effets de mise en scène discrets mais efficaces pour figurer les métamorphoses. L’œuvre est surannée, âgée, n’a pas complètement survécu à l’épreuve du temps. Ce type de schéma a considérablement évolué depuis, s’est enrichi de nombreuses thématiques aussi  l’ennui s’installe un peu dans le grand blanc et la paupière, parfois, lutte pour ne pas mourir de froid. Mais ennui n’est pas ennemi, il favorise l’imagination et l’ancrage de souvenirs. Cette curieuse histoire dans laquelle une sorcellerie rare nous est montrée, avec tous ces rituels passionnants qui nous sont déballés comme le témoignage de toute une époque, d’un mode de vie particulier, le quotidien – rarement montré – en Laponie, allié à la beauté aussi ensorcelante qu’effrayante de Mirjami Kuosmanen, emporte in fine l’adhésion. Parce que l’ambiance sourde est bien là, qu’un malaise s’installe et que quelques scènes restent définitivement en mémoire – le sacrifice du petit renne, la lutte « à main nue » entre un chasseur et le Renne blanc, les yeux noirs de Pirita, la visite chez le chaman… – on obtient en bout de course un grand film fantastique. D’autrefois, certes, mais qui participe du socle de toutes ces œuvres vétustes qui permirent à celles d’aujourd’hui d’exister, de se construire. Un très beau film, aussi, tout simplement, avec des paysages somptueux magnifiés par un splendide noir et blanc qui fait se mélanger nuit et jour lorsque l’ombre revêt l’apparence d’un démoniaque renne… blanc. Rien n’est tout blanc, c’en est troublant.

Merci à Artus Films d’avoir eu l’amabilité d’envoyer le DVD à la rédaction des Givrés.

Häxan (Danemark, Suède, 1922) : avis d’un givré

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Häxan toujours tonique

Démystification des sorcières le temps d’un docu-fiction datant du début des années 20.

Signifiant « sorcière » en suédois, Häxan est à la fois un objet de scandale depuis sa naissance en 1922, une référence ancestrale du cinéma fantastique, une œuvre notable à vocation (pseudo ?) pédagogique sur les sorcières en même temps qu’un défouloir honteux d’alors, au même titre que la série d’horreur contemporaine des Saw pour nous. Haxan, c’est tout ça.

Si certains passages prêtent désormais à sourire, vétusté oblige, la structure du récit n’a rien perdu de sa pertinence, pas plus que la démonstration, certes désuète de nos jours mais, sur le fond, toujours autant d’actualité quant aux conséquences dramatiques de l’ignorance. Ne rions pas des croyances d’antan quand l’importance des sectes grandit toujours dans l’hexagone. La grande réussite du film réside dans sa démolition jubilatoire de l’église. Tous ces moines apparaissent au mieux comme des lâches, au pire comme de véritables satanistes, ce qu’ils étaient, à n’en pas douter, à nourrir ainsi cette folie pour des raison inavouables, bassement humaines. Jalousie, Pouvoir…

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On jubile devant Häxan comme devant Les Diables de Ken Russel(*) : la démonstration y est puissante, la provocation bienvenue et, surtout – et paradoxalement pour certains – le bon esprit y est flagrant, contrairement à la défroque malsaine des moines de cette époque, auto-définie pourtant comme uniforme du bien. Rarement l’expression « l’habit ne fait pas le moine » aura aussi bien été explicitée, avec comme gros climax cette scène où une pauvre vieille, torturée à outrance, en vient à admettre tout et n’importe quoi à des moines pervers afin qu’ils arrêtent de lui faire subir l’insoutenable. A cet instant la musique de Johannsson – un score de 2006 – trouve une inspiration adaptée, puissante, les yeux humides de notre fausse sorcière se lèvent au ciel et le réalisateur danois Benjamin Christensen s’en va nous illustrer ses délires dans un paradigme qui obtient là toute sa raison d’être, le socle même de son existence : les sabbats, les embrassades du cul du diable, les balais volants, les incantations délirantes… Durant cette scène, Häxan se fait intemporel en même temps qu’universel, l’illustration de ces vilains contes de fées revêt une autre et grave dimension : ils naissent dans la douleur et non d’un Tolkien rêvassant près de son arbre en fumant la pipe, imaginant que, tiens, et si dans un trou vivait un hobbit ? Point de naïveté ici, le lutin n’existe que parce qu’un olibrius a forcé une pauvre ère martyrisée à avouer cette réalité. Et si la conclusion peut sembler simpliste en mettant sur le dos de l’hystérie les comportement des « sorcières » de l’époque, alors que, avouons-le, une simple différence comportementale par rapport à la masse pouvait tout autant amener au bûcher, cette réflexion sur la folie reste encore d’une ouverture d’esprit exemplaire, en plus d’être, c’est important, un sacré bon film fantastique blindé d’effets spéciaux efficaces. Le diable, joué d’ailleurs par Christensen lui-même, évoque toujours et avec bonheur le bestiaire de la BD Adèle Blanc-Sec de Jacques Tardi, ou même le démon fascinant du The Cell de Tarsem Singh. Entre autres. Ajoutons à cela une direction d’acteurs qui vieillit mieux que certains jeux des années 50 et on obtient là une œuvre habitée tenant encore sacrément – ou diablement, c’est mieux – bien la distance. Habitée par de bonnes fées, des saltimbanques aimant la vie, des gens heureux, sans complexes…

Bien sûr, ma vision des choses est faussée, mes yeux ne sont pas ceux d’un spectateur du début des années 20 mais peu importe : plaisir il y a eu à voir ce film. L’âme imprégnée sur cette pellicule reste bien vivace et l’œuvre d’utilité publique. En plus du domaine puisque le film Häxan est libre de droits, ce qui explique les nombreuses partitions musicales qui existent depuis, se servant là d’un bien beau support, tremplin évident pour tout désir de créativité.

Haxan sur IMDb

(*) Voisinage intéressant : Les Diables est projeté cette même semaine au Moulin de la Vapeur, à Olivet (Orléans). Jeudi 28/05, 20h30, entrée libre.