J’ai déjà un peu présenté ce film par là, depuis j’ai lu le livre (Miséricorde), la bande-annonce s’est annoncée… et j’ai vu le film donc je m’en vais rebidouiller ce texte. Le bouquin ? C’est un bon polar, vraiment, mais il doit davantage à ses personnages principaux, surtout le principal, qu’à son intrigue, très efficace mais qui ne révolutionne pas le genre. Un peu de la série The Wire (Sur écoute) avec cette antenne spéciale de la police cantonnée au sous-sol, saupoudrée d’une pincée de la série Cold Case avec cette vieille histoire déterrée, et d’une bonne louche d’Old Boy, monstre coréen remaké par Spike Lee qui pour le coup devrait s’abstenir de donner des leçons à Quentin Tarantino sur sa vision black de Django quand lui-même se met à verser dans l’inutile et… bref. Que disais-je ? Ah, oui, Old Boy, donc, avec cette femme emprisonnée de longues années dans une cage pour une raison qu’elle ignore et un twist prévisible entérinant bien cette filiation avec le film de Park Chan-wook. Dans le livre, notre héros l’inspecteur Carl Mørck ne rompt pas avec cette mode actuelle du flic borderline sur les pieds duquel tous les malheurs du monde ont choisi de s’abattre : divorce, collègues tués plus ou moins par sa faute etc… Pourtant, l’on s’amuse à suivre ce personnage tout sauf proactif à la Les experts – enfin ! -, qui fuit l’enquête du jour pour des raisons à la fois dépressives et bullatoires et qui devra bien malgré lui s’y coller à cause de son très motivé comparse, l’épatant Assad. Là réside le gros point fort de cette histoire : des personnages captivants qui évoluent au gré d’une intrigue plutôt bien construite. Je dois bien avouer que la bande-annonce, malgré ce casting au poil, ne retranscrit pas cette ironie particulière, il est vrai très littéraire. Pourtant, à la lecture, j’ai pensé à Nicolaj L. Kaas tout du long, celui d’A l’autre bout du monde précisément, qui colle impeccablement au personnage. Kaas est un véritable acteur de composition ; il est beaucoup moins drôle dans Just Another Love Story.
Le film ? S’il adapte plus que correctement le bouquin en osant des raccourcis malins pour faire tenir le polar sur un peu plus 90 minutes, il taille dans l’humour noir, les personnages et l’ambiance. Pas de fioritures, on va du point A au point B ; tout le monde fait le job avec un professionnalisme plus qu’honorable – le casting est au poil – mais on frôle malgré tout par endroits l’adaptation télévisuelle. Chez nous, on aurait eu droit à un Jean-Hugues Anglade dans le rôle titre. Ca manque peut-être un peu de punch et la révélation du pot aux roses m’a semblé mal gérée, balancée mécaniquement à la ménagère comme on se baisserait pour attacher ses lacets. Pas de supplément d’âme, certes, mais ça reste du bon boulot.
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