Le renne blanc ; Valkoinen peura (Erik Blomberg, Finlande, 1952)

Pirita, une jeune femme douée, à son insu, de pouvoirs magiques, épouse Aslak, un lapon gardien de rennes. Souvent délaissée par son mari, elle va voir un sorcier qui lui ordonne un sacrifice au dieu de pierre, afin de jouir pleinement de son pouvoir de femme. Une nuit, Pirita immole un petit renne blanc que lui avait offert Aslak. Aussitôt, s’éveillent en elle les puissances endormies. Ensorcelée, elle se mue la nuit en renne blanc, attirant un a un les chasseurs, qu’elle égorge dans une étreinte de vampire.

 » Tourné dans les décors somptueux du cercle polaire, Le renne blanc est une pure merveille du cinéma fantastique finlandais. S’appuyant sur une vieille saga laponne, le film offre un mélange de magie, chamanisme, et sorcellerie, dans un magnifique noir et blanc. Jean Cocteau lui-même ne s’était pas trompé, en décernant au Renne blanc le prix du film légendaire au Festival de Cannes en 1953  » (artusfilms.com).

17/20 – La reine des neiges

… s’appelle Mirjami Kuosmanen, dans les années 50 femme du réalisateur Erik Blomberg et en l’occurrence héroïne tragique de cette très jolie fable finlandaise qu’il conta lui-même. Il venait du documentaire et cela se voit puisque les tranches de vie nordiques semblent comme prises sur le vif, favorisant ainsi l’intrusion d’un élément fantastique crédible. Malgré une musique un peu trop envahissante, reliquat de la période du muet ou précocité d’une Hans Zimmerisation excessive du cinéma hollywoodien actuel, la poésie chamanique de cette histoire reste intacte. L’ambiance restitue bien la folie suicidaire qui anime Pirita avec une histoire qui fait se mélanger mythe de Faust classique et malédiction du loup-garou. Ici une renne-garou donc, avec en lieu et place des maquillages de Rob Bottin (Hurlements) quelques effets de mise en scène discrets mais efficaces pour figurer les métamorphoses. L’œuvre est surannée, âgée, n’a pas complètement survécu à l’épreuve du temps. Ce type de schéma a considérablement évolué depuis, s’est enrichi de nombreuses thématiques aussi  l’ennui s’installe un peu dans le grand blanc et la paupière, parfois, lutte pour ne pas mourir de froid. Mais ennui n’est pas ennemi, il favorise l’imagination et l’ancrage de souvenirs. Cette curieuse histoire dans laquelle une sorcellerie rare nous est montrée, avec tous ces rituels passionnants qui nous sont déballés comme le témoignage de toute une époque, d’un mode de vie particulier, le quotidien – rarement montré – en Laponie, allié à la beauté aussi ensorcelante qu’effrayante de Mirjami Kuosmanen, emporte in fine l’adhésion. Parce que l’ambiance sourde est bien là, qu’un malaise s’installe et que quelques scènes restent définitivement en mémoire – le sacrifice du petit renne, la lutte « à main nue » entre un chasseur et le Renne blanc, les yeux noirs de Pirita, la visite chez le chaman… – on obtient en bout de course un grand film fantastique. D’autrefois, certes, mais qui participe du socle de toutes ces œuvres vétustes qui permirent à celles d’aujourd’hui d’exister, de se construire. Un très beau film, aussi, tout simplement, avec des paysages somptueux magnifiés par un splendide noir et blanc qui fait se mélanger nuit et jour lorsque l’ombre revêt l’apparence d’un démoniaque renne… blanc. Rien n’est tout blanc, c’en est troublant.

Merci à Artus Films d’avoir eu l’amabilité d’envoyer le DVD à la rédaction des Givrés.

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