Pusher 2 (Nicolas Winding Refn, Danemark, 2004) : avis d’un givré

Tony, un petit criminel de Copenhague, sort de prison et retourne au garage qui sert de couverture à Smeden, son père dit “Le Duc”, qui règne avec brutalité sur un gang. Pour montrer sa bonne volonté, Tony vole une Ferrari, mais son initiative est accueillie avec colère par son père, qui lui reproche d’avoir agi stupidement. En même temps qu’il subit les humiliations paternelles, Tony apprend qu’il a eu un fils. Il n’y croit pas au début, mais finit par se prendre d’affection pour un bébé que sa mère néglige…

18/20 – Je suis ton père

La petite frappe Tony (Mads Mikkelsen) is back in business. Pas de chance pour lui, loser né, le mojo ne l’accompagne pas. Il n’arrive pas à bander, la force n’est pas avec lui et le bonhomme peine à avancer. De l’avis de tous, surtout de lui-même, c’est un raté. Mais moi je crois en toi, Luke ! Avec en guise d’Etoile noire une Copenhague by night pleine de bandits, de drogués et d’affreux soldats de l’empire qui dirigent d’une main de fer pleine de cambouis un garage automobile en forme de salle de commande, tu as fort à faire ! D’autant que le garagiste en chef, c’est ton père…

Voilà une crapule de la pire espèce dont l’existence étouffante explique ta non existence à toi, victime qui peine à le tuer, ton père, au propre comme au figuré. On te suit, guerrier silencieux, à la trace. On attend le « Rise Of The Jedi » avec impatience. Et lorsque le moment vient pour toi de t’élever, de te rebeller au milieu de tous ces gens pathétiques que, trop gentil, tu plaçais jusqu’alors sur un trop haut piédestal, tu deviens héros, tu deviens grand, tu deviens The King Of Copenhague ! On assiste alors, stupéfaits, au film « Rise Of Mads Mikkelsen », le chef d’œuvre de Refn dont l’existence est pourtant d’abord justifiée par une dette qu’il devait éponger suite à la méga gaufre d’Inside Job. Qui n’en méritait pas tant. « Faux », dirait le réalisateur de Drive, puisque « aux titres vendeurs porte-manteaux Pusher 2 et 3 j’ai simplement accroché des histoires qui auraient pu s’appeler tout autrement ». Ca se tient. Grand polar urbain, Pusher 2 nous ballade dans sa ville à l’arrache comme on le voyait à la grande époque du ciné de Hong Kong, jusqu’ici référence en la matière puisque Ringo Lam ou Kirk Wong, qui lui aussi aimait à faire jouer de vrais truands devant la caméra, montraient des âmes errantes incarnées par les équivalents charismatiques de Mads là-bas que sont Chow Yun Fat (City On Fire) ou Anthony Wong (Rock’n Roll Cop) se promener dans les mêmes dédales labyrinthiques de béton. Beau passage de flambeau que voilà, avec une flamme qui se reflète sur les vitres d’immeubles lâches qui figurent les nombreux témoins muets, indifférents aux injustices quotidiennes qui nourrissent le cloaque. Respect.

2 réflexions sur “Pusher 2 (Nicolas Winding Refn, Danemark, 2004) : avis d’un givré

  1. Aaaah Pusher 2, un grand moment de cinéma. Je me demande s’il n’est pas mon préféré de la « saga ». Quoique je préfère voir cette trilogie comme un seul et unique film. Intéressant tes parallèles notamment celui à Kirk Wong dont j’en causais récemment sur HKMVC avec sa trilogie « true crime ». Ces cinémas-là se rapprochent, y a un truc, c’est indéniable.

    I.D.

    P.S. : j’admire la grosse production des Givrés, ça défouraille du billet ces derniers temps.

  2. Ping : Only God Forgives (Nicolas Winding Refn, France, Thaïlande, USA, Suède, 2013) : avis d’un givré | ScandinAsian Chairlines, par Arnø Ching-wan

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